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Contes du hasard et autres fantaisies

Dernière mise à jour : 29 avr. 2022

3/5

Moulin à paroles


Après le fraîchement oscarisé Drive my car, le metteur en scène japonais Ryūsuke Hamaguchi revient déjà au cinéma, avec ses Contes du hasard et autres fantaisies. Une œuvre cinématographique quelque peu décevante.


S’il est un cinéaste japonais qui fait fureur ces temps-ci, c’est bien lui : Ryūsuke Hamaguchi. Hamaguchi n’est pas un nouveau venu (la filmographie du quadragénaire est déjà bien fournie), mais les années 2021-2022 semblent le révéler véritablement. Il a signé deux longs métrages récemment, tous deux à voir dans nos salles de cinéma. Le premier, Drive my car, a décroché le mois passé (mars 2022) l’Oscar du meilleur film international. Ce n’est pas rien. Le second, Contes du hasard et autres fantaisies, s’est vu, lui, attribuer le Grand prix du jury à la Berlinale (mars 2021), l’un des plus importants festivals de cinéma du monde. On parle donc beaucoup de Hamaguchi, en ce moment. De là à dire qu’il est la nouvelle coqueluche du milieu du septième art, il n’y a qu’un pas.


Alors, Hamaguchi, réalisateur virtuose, vraiment ?


Nous sommes partagés. Si Drive my car nous a enthousiasmé et que, à notre avis, il mérite les louanges qu’il a reçues tout comme les récompenses qu’il a obtenues, nous sommes plus sceptiques au sujet des Contes du hasard et autres fantaisies.


La durée de Drive my car pouvait décourager : trois heures. C’est long, trois heures, et pourtant, finalement, nous n’avons pas vraiment vu le temps passer. Nous nous étions laissé embarquer, transporter, envoûter. En un mot, nous avions voyagé. Une très belle expérience.


Les Contes du hasard et autres fantaisies durent une heure de moins que Drive my car, mais le long métrage semble durer une heure de plus. C’est que, là où la magie opérait dans l’un, elle n’opère pas véritablement dans l’autre.


Les Contes du hasard et autres fantaisies sont composés de trois histoires indépendantes les unes des autres. Trois trajectoires de femmes.


C’est au début du film, au cours du premier ''conte'' : une longue scène dans une voiture. Deux amies discutent sur la banquette arrière d’un taxi. L’une raconte à l’autre qu’elle a rencontré un homme, et qu’elle est sous son charme. Il s’avère que cet homme n’est autre que l’ex de la jeune femme qui écoute son amie. Cette partie du film est l’histoire d’un triangle amoureux.

Ainsi, à peine le long métrage est-il lancé qu’on est renvoyé à Drive my car et à ses longues scènes dans une vieille Saab rouge.


Deuxième ''conte'' : un professeur publie un roman qui lui apporte la renommée. L’une de ses anciennes étudiantes va tenter de le piéger par la séduction. Ce prof et auteur ne manque pas d’évoquer l’acteur et metteur en scène de théâtre de Drive my car.


Là aussi, de longues discussions. Mais il y a quelque chose de didactique, de mécanique, de machinal. On peine à s’enflammer.


Le troisième conte, lui, est l’histoire de retrouvailles entre deux femmes. Des retrouvailles qui, en réalité, n’en sont pas, puisque ces deux femmes qui croyaient s’être connues par le passé ne se connaissent pas. Quiproquo. Une rencontre née d’un malentendu.


Ce dernier récit ne déroge pas à la règle : à l’image de tout le film, on parle abondamment, c’est bavard. Hamaguchi sollicite constamment l’imagination du spectateur par ce biais-là. Le film foisonne de paroles, mais de paroles qui nous ont paru somme toute creuses, oiseuses. Tout cela n’est guère passionnant, malheureusement.


Il y a d’incontestables ressemblances avec Drive my car : thématiques similaires, procédés identiques. Mais là où Hamaguchi avait tiré, d’une nouvelle du grand auteur japonais Haruki Murakami, trois heures envoûtantes (Drive my car), il présente maintenant une œuvre laborieuse (Contes du hasard et autres fantaisies).


À noter que, si Contes du hasard et autres fantaisies a été projeté sur grand écran avant Drive my car, c’est l’inverse qui s’est produit en Suisse et dans d’autres pays : il n’a été possible de voir Contes du hasard et autres fantaisies qu’après Drive my car.

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