Le documentaire «Loving Highsmith» d’Eva Vitija ouvrira les feux de la 57e édition des Journées de Soleure. Le conseiller fédéral Alain Berset et Thomas Geiser, président des Journées de Soleure, s’adresseront au public, l’actrice Anna Pieri Zuercher, commissaire de la série Tatort, jouera les maîtresses de cérémonie et s’entretiendra avec la direction intérimaire du festival, Veronika Roos, Marianne Wirth et David Wegmüller.
Tous les écrivains n’ont pas un rapport aussi fort avec le cinéma que Patricia Highsmith, dont presque tous les romans ont été portés à l’écran. Patricia Highsmith, qui du reste aurait aujourd’hui même 101 ans, était une personnalité complexe et une écrivaine fascinante. A partir de ses journaux intimes et de ses carnets de notes, la réalisatrice Eva Vitija nous brosse un portrait émouvant et cinématographiquement captivant. Au cœur du documentaire «Loving Highsmith», il y a la vie amoureuse secrète de l’autrice et l’influence que cette versatilité et cette ambivalence ont eue sur l’identité de ses personnages, en particulier le célèbre Ripley.
Dans son discours d’ouverture, Alain Berset a évoqué le motif du conflit intérieur et rappelé la lutte «douloureuse et passionnée que Patricia Highsmith a menée avec elle-même», dans laquelle elle a simultanément puisé de la force et de la créativité. «Peut-être devrions-nous davantage lutter avec nous-mêmes qu’avec les autres», a conclu Alain Berset. «Nous devrions à nouveau faire preuve de plus de curiosité pour ce que nous pensons nous-mêmes, avant de donner notre avis aux autres.»
Thomas Geiser, président de la Société suisse des Journées de Soleure, est revenu dans son allocution sur une année mouvementée, année de transition et de nouveau départ au sein de l’organisation. Et il a fait référence au fait que les Journées de Soleure, après une année d’interruption, peuvent à nouveau se dérouler en présentiel : «Nous restons ainsi attachés à la quintessence de tout festival : partager ensemble des films sur place, rencontrer les cinéastes et d’autres cinéphiles dans les salles de cinéma, dans les rues et les bistrots.»
Dans son dialogue avec l’actrice Anna Pieri Zuercher, Veronika Roos a rappelé que les Journées de Soleure avaient déjà été dirigées dans le passé par un collectif. Interrogée sur le festival en présentiel, Marianne Wirth a affirmé n’avoir rencontré aucune réalisatrice ni aucun producteur qui aurait préféré voir la première du film sur internet plutôt que sur place. Et en réponse à ceux et celles qui se demandent comment comprendre le slogan de cette année «Rencontrer la Suisse au cinéma», David Wegmüller a expliqué qu’il ne faut pas voir là un quelconque Etat-nation mais surtout un territoire mental. Le cinéma suisse, qui du reste est rarement confiné dans des frontières nationales sur le plan du contenu et à cause de ses conditions de production, donne au programme des Journées de Soleure son orientation au-delà des frontières, a-t-il ajouté.
Environ 160 films, dont 78 films de long métrage, sont à l’affiche des 57es Journées de Soleure. Presque la moitié des longs métrages sélectionnés provient de Suisse romande, ce qui représente un pourcentage historiquement considérable. Et les femmes ont une part prépondérante dans la production de plus de la moitié des longs métrages sélectionnés. Les Journées de Soleure ne sont toutefois pas seulement une revue annuelle de la création cinématographique suisse, elles sont aussi le rendez-vous de la branche, un espace de formation continue, un forum de réseautage et la mémoire historique du cinéma suisse grâce aux programmes spéciaux «Rencontre» et «Histoires du cinéma suisse», et enfin le rassemblement de la relève. Le caractère compétitif de la manifestation a été cette année renforcé avec les trois prix : «Prix de Soleure», «PRIX DU PUBLIC» et «Opera Prima». A chaque fois, les huit films nominés tenteront de décrocher une de ces récompenses.
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