Le programme des 61es Journées de Soleure
- Communiqué de presse

- il y a 1 jour
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Du 21 au 28 janvier 2026, Soleure redevient, le temps d’une semaine, la capitale du cinéma suisse. 164 longs et courts métrages seront présentés au total, des fictions et des documentaires soigneusement sélectionnés, couvrant une large diversité de formats, de genres et de durées. Bon nombre des œuvres remettent en question des récits établis et se libèrent du schéma classique «victime-bourreau». L’invitée d’honneur de la rétrospective de cette année est la cinéaste genevoise Edna Politi.

La Conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider participera pour la deuxième fois à la soirée d’ouverture, dont elle prononcera le discours inaugural le 21 janvier 2026. 478 films ont été soumis pour cette 61e édition. Au cœur des Journées de Soleure, la section «Panorama» réunit 93 longs métrages et 71 courts métrages. Au total, 22 films ont été sélectionnés pour les trois compétitions «Prix de Soleure», «PRIX DU PUBLIC» et «Visioni». Le programme compte 21 premières mondiales et 18 premières suisses. Le «Panorama Courts métrages» donne à découvrir une sélection de productions récentes. Plusieurs prix du jury et du public seront décernés dans le cadre du festival, notamment pour le meilleur court métrage et le meilleur film d’animation.
La cuvée cinématographique actuelle se compose de 68% de documentaires et de 32% de films de fiction, reflétant ainsi la diversité de la production contemporaine. Elle présente en outre un équilibre marqué entre la Suisse romande et la Suisse alémanique: dans les trois sections compétitives des 61es Journées de Soleure, on compte ainsi 9 films romands, 11 films alémaniques et 2 films provenant de la Suisse italienne.
«Sur le plan des contenus, on remarque que les récits s’ouvrent à de nouveaux champs, notamment scientifiques et qu’ils accordent une attention particulière à la compassion et aux points de vue des protagonistes. Dans le documentaire comme dans la fiction, on raconte des histoires aux multiples facettes, et cela de manière nuancée. La posture est moins moralisatrice, peut-être aussi moins marquée par un regard occidental. Il semblerait que le désir d’approcher les protagonistes avec empathie l’emporte aujourd’hui sur la volonté de donner des leçons au public.»
Niccolò Castelli, directeur artistique
Remettre en question les récits établis
Le film d’ouverture, «The Narrative» (co-réalisé par Bernard Weber et Martin Schilt), illustre de manière exemplaire la façon dont certaines œuvres renoncent aux narrations univoques et font la place aux nuances. Le film raconte l’histoire de Kweku Adoboli, tenu pour responsable en 2011 d’un déficit colossal au sein de l’UBS à Londres. Un suivi sur plusieurs années permet aux réalisateurs d’ouvrir une nouvelle perspective sur une affaire souvent présentée de manière unidimensionnelle. «The Narrative» est nommé pour le Prix de Soleure.

Prix de Soleure
Cette année, huit films sont en lice pour le «Prix de Soleure», dont le film d’ouverture «The Narrative». Sept d’entre eux sont présentés en première. Les œuvres, qui abordent des thèmes qui vont de la solidarité à l’émancipation des femmes, en passant par le travail de mémoire autour de l’histoire coloniale, montrent aussi comment les espaces numériques façonnent notre perception de la réalité. «Social Landscapes», constitué exclusivement de commentaires et de critiques en ligne, invite à remettre en question notre propre regard dans un monde où les lieux sont souvent découverts d’abord par le biais d’un écran. «Don’t Let The Sun» met en lumière la fragilité des relations humaines et le risque d’isolement dans un univers technicisé et saturé. «À bras-le-corps» revient sur l’auto-détermination des femmes durant la Seconde Guerre mondiale. «Sie glauben an Engel, Herr Drowak?» souligne l’importance du lien humain et de l’empathie en temps de crise. «Elephants & Squirrels» porte sur la restitution d’artefacts à une communauté autochtone, et apporte un regard frais sur l’histoire coloniale suisse. «Qui vit encore» retrace les parcours de neuf personnes réfugiées de Gaza, et raconte leur vie d’avant et leurs tentatives de retrouver un avenir. Enfin, «Solidarity» accompagne cinq protagonistes dans trois zones de crise (le Bélarus, l’Ukraine, et Gaza/Israël) pour examiner le phénomène de la solidarité, dont il dévoile à la fois les dimensions positives et les dérives possibles.
Le «Prix de Soleure», doté de 60’000 francs, est soutenu par le Fonds Prix de Soleure ainsi que par le canton et la ville de Soleure.
PRIX DU PUBLIC
Huit films sont en compétition pour le «PRIX DU PUBLIC», dont deux fictions et six documentaires. Sept d’entre eux sont présentés en première. Plusieurs œuvres abordent le passage à l’âge adulte ou dressent le portrait de personnalités hors du commun. Dans «Becaària», qui se déroule dans les années 1970, un jeune garçon de 16 ans passe un été dans les montagnes et découvre, au fil de rencontres inattendues, la vie, l’amour, et surtout lui-même. «Camp d’été» suit de jeunes participant.e.s pendant le plus grand camp scout de Goms, où ils et elles créent un espace d’aventure et de communauté. Dans «Be Boris», le cinéaste brosse le portrait de son meilleur ami, qui revendique son droit à la paresse. «Freedom – Le destin de Shewit» retrace le parcours de Shewit, arrivée d’Érythrée en Suisse à l’âge de 15 ans et dont le combat administratif pour obtenir son permis de séjour dure depuis plus d’une décennie. «Hirschfeld – Unbekannter Bekannter» revient sur l’histoire du dramaturge Kurt Hirschfeld, qui fit du Schauspielhaus Zürich un centre de résistance culturelle face au fascisme de l’époque nazie. «Imagine Peace» raconte la vie remarquable de la militante de 99 ans Edith Ballantyne, ancienne présidente de la Women’s International League for Peace and Freedom, qui a inspiré plusieurs générations de femmes. «Kalari Kid – She Hits Back» évoque l’émancipation de deux adolescentes grâce aux arts martiaux. «Laundry» traite, d'une part, du combat contre l'apartheid et, d'autre part, de la responsabilité que représente l'héritage d'une entreprise familiale.
Le «PRIX DU PUBLIC», doté de 20’000 francs, est remis par les Journées de Soleure en collaboration avec leur sponsor principal, Swiss Life.
Visioni
Avec «Visioni», les Journées de Soleure distinguent un premier ou deuxième film dont l’approche formelle ou thématique se révèle particulièrement marquante. Cette année, six documentaires sont nominés, dont cinq présentés en première. Dans «A Free Daughter of Free Kyrgyzstan», Zere Asylbek, jeune militante et popstar, lutte contre les inégalités de genre dans son pays. «La vallée» suit un cinéaste qui, après la naissance de ses enfants, retourne dans la vallée de son enfance pour méditer sur la maladie de son père et l’histoire de sa propre famille. «Les chasseresses» accompagne quatre jeunes Valaisannes qui s’imposent en tant que chasseuses dans un univers largement dominé par les hommes. Dans «Nessuno vi farà del male», le réalisateur interroge sa propre identité et met en lumière l’histoire de l’un des rares survivants du massacre de Srebrenica, trente ans après la tragédie. «Solo Show» accompagne un étudiant en art qui jongle sa première grande exposition et des petits boulots douteux, tandis que tout comme son entourage, il dissimule sa fragilité et ses aspirations sous des apparences soigneusement contrôlées. «Unter Pflanzen» suit une équipe scientifique sur le point de découvrir une substance capable de faire fleurir instantanément les plantes, tandis qu’un duo d’artistes questionne la frontière entre nature et artifice.
Le prix, doté de 20’000 francs, est financé par les fonds culturels de Suissimage et de la SSA.
Programmes spéciaux: Rencontre, Histoires et Focus
La rétrospective de cette année est consacrée à la cinéaste Edna Politi, dont la vie est traversée par des influences arabes, juives et européennes, faisant d’elle une figure du dialogue interculturel. Ses films (dont sa trilogie sur le Proche-Orient) offrent un regard nuancé sur la complexité de cette partie du bassin méditerranéen. Politi présentera personnellement ses œuvres.
Le programme Histoires «Downtown New York» met en lumière plusieurs cinéastes suisses ayant travaillé dans le New York des années 1980, et présente entre autres «Johnny Suede», produit par Ruth Waldburger, avec Brad Pitt dans l’un de ses premiers rôles principaux, ainsi que «Downtown 81» d’Edo Bertoglio, qui suit les traces d’un Jean-Michel Basquiat encore inconnu.
La section «Focus» de la 61e édition des Journées de Soleure s’intéresse au kitsch au cinéma. Une sélection de films de fiction et documentaires internationaux y explore l’usage assumé de formes sentimentales ou artificielles, et interroge leur fonction dans un contexte social et politique donné.
À SO PRO aussi bien que pour le public: diversité et échanges entre musique et cinéma
Le Stadttheater accueillera pour la troisième fois les rencontres entre professionnel.le.s de l’industrie du cinéma. Du jeudi 22 au samedi 24 janvier 2026, différents formats se consacrent au développement de nouveaux projets, au réseautage, à la professionnalisation ainsi qu’au dialogue entre les régions linguistiques et les générations. SO PRO fait de la diversité au cinéma un axe central, en s’intéressant notamment aux perspectives de personnes en situation de handicap, à la représentation des modèles familiaux ou encore aux écarts générationnels. Parallèlement, SO PRO fait place à la relation entre l’industrie musicale et celle du film: cette édition marque en effet le lancement d’un projet intitulé «Screen to Sound», destiné à soutenir des œuvres ou performances musicales qui présentent une forte dimension visuelle ou cinématographique. Plusieurs moments de musique live viennent prolonger l’expérience visuelle de manière originale et inattendue.
Programme complet: 61es Journées de Soleure




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