Cannes 2025, jour 1 : du muet et de la comédie musicale
- Max Borg
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 6 heures
Notre chroniqueur nous parle des deux premiers films projetés à Cannes cette année.

Depuis 2021, le Festival de Cannes consacre l’après-midi de sa première journée à la dite «préouverture», à savoir la projection événement, en Salle Debussy, d’un film issu de la section Cannes Classics, celle qui propose des œuvres de patrimoine en version restaurée ainsi que des documentaires sur le cinéma. Ainsi, après Jean Eustache, Jacques Rivette et Abel Gance, c’est Charlie Chaplin qui a eu l’honneur d’inaugurer la kermesse, pour fêter les 100 ans d’un de ses chefs-d’œuvre, The Gold Rush (La ruée vers l’or), qui sortit dans les salles le 26 juin 1925 et sera de nouveau présenté sur grand écran dans plusieurs pays le mois prochain.
On dit souvent, dans le cadre des restaurations de films, que le titre en question est maintenant comme il avait été montré à l’époque de sa sortie. En l’occurrence, cette hyperbole cinéphile est justifiée et plus véridique que d’habitude, car Chaplin lui-même, après avoir modifié le film en 1942 (en y ajoutant musique, bruitages et voix over, et en coupant certaines scènes), avait fait disparaître toutes les copies de la version de 1925, ce qui rendait compliqué tout travail des archives. L’historien Kevin Brownlow a fait une première reconstitution il y a une trentaine d’années, et d’autre petits bouts ont depuis été retrouvés un peu partout dans le monde, permettant donc à la Cineteca di Bologna (qui travaille sur Chaplin depuis très longtemps) d’entamer un travail philologique qui a duré un an et demi.
Tout ça a été expliqué, en guise d’introduction, par Gian Luca Farinelli, directeur de la cinémathèque bolognaise, qui était aussi accompagné de représentants du distributeur MK2 et de deux des petits-enfants de Chaplin, un sacré groupe pour présenter un film très connu. A la question «Qui l’a déjà vu?», trois quarts de la salle ont levé la main, mais rarement vu sous sa forme originale, ou quand même celle qui s’approche le plus de la version d’il y a cent ans. Un après-midi magique, et la meilleure manière d’ouvrir le Festival avant la cérémonie officielle du soir.

La cérémonie a donc précédé la projection du film d’ouverture à proprement parler. Partir un jour d'Amélie Bonnin est un choix inhabituel pour Cannes car il s'agit d'un premier film, au casting pas très «tapis rouge» et c’est un récit très français puisque les personnages – une femme qui doit aider ses parents après un infarctus de son père renoue avec un ami d’enfance – s’expriment par le biais de chansons populaires (et un peu ringardes) issues de l’Hexagone. Visiblement, c’était une vitrine alléchante pour Pathé, qui peut se servir de l’attention médiatique pour lancer en salle un film qui serait peut-être un peu fragile sur le plan commercial sans la plateforme cannoise.
En même temps, difficile de savoir si le public français (et romand) se laissera séduire tant que ça par une œuvre divertissante mais sans plus, extension du court métrage du même nom de 2021 (lauréat du César) qui avait les mêmes acteurs mais pas dans les mêmes rôles (Bastien Bouillon, qui incarne ici l’ami d’enfance, était le protagoniste du court). Au bout d’une heure et demie, du moins pour ce qui nous concerne personnellement, on se rend compte que l’idée n’est peut-être pas si solide que ça pour justifier le format long.
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