Note: 3.5/5
Le réalisateur américain Drew Hancock réalise Companion, un premier long métrage efficace qui offre au spectateur quelques scènes particulièrement réussies. On regrettera toutefois que les thèmes abordés dans son film ne soient pas explorés plus en profondeur.

Lorsqu'Iris rencontre Josh, sa vie change radicalement. Elle pense enfin avoir trouvé la chose qui lui a manqué toute sa vie durant pour enfin être heureuse. Alors quand les deux tourtereaux partent en week-end chez des amis de Josh, Iris y voit une occasion de passer un moment romantique avec celui qu'elle aime plus que tout. Mais son bonheur sera de courte durée et Iris sera confrontée à une réalité qu'elle n'aurait jamais pu imaginer.
Le film débute par une voix-off, celle de l'héroïne, racontant sa rencontre avec son futur compagnon. On a l'impression d'assister à une comédie romantique de bonne facture avec des couleurs très flashy et une musique de circonstance. On se demande immédiatement si on ne s'est pas trompé de salle de cinéma (d'autant plus qu'on a eu droit à la bande-annonce du prochain Bridget Jones avant le début du film). Jusqu'à entendre cette phrase, venant de cette jeune femme à l'air si réservé et inoffensif : "J'ai connu deux moments dans ma vie où je me suis sentie parfaitement heureuse, la première fois le jour où j'ai rencontré Josh, et la seconde, le jour où je l'ai tué." Toute l'attention du spectateur est ainsi captée dès le début de l'histoire et ne reste alors plus au réalisateur qu'à nous surprendre à l'aide d'un scénario inventif et plein de rebondissements.
Une fois l'introduction passée, on retrouve nos deux protagonistes pour leur week-end dans une maison au bord du lac, accompagnés de deux autres couples. Des scènes maintes fois vues et revues (les éternels présentations et dîner entre amis) servent à présenter les différents personnages, jusqu'au moment ou un drame survient. Iris, sur le point d'être agressée par son hôte, tue ce dernier et la panique s'empare des différents personnages présents. Et là, après une petite vingtaine de minutes de film, c'est LA surprise, Iris n'est pas humaine... C'est un robot au service de Josh dont le seul but est de satisfaire tous ses besoins et qui a été programmée par Josh pour tuer le propriétaire de la maison dans le cadre d'un plan machiavélique pour s'emparer de douze millions de dollars.
La révélation de la vraie nature d'Iris si tôt dans le film permet au réalisateur d'enchaîner les situations cocasses et souvent très bien pensées à un rythme soutenu. Ce sens du rythme de la part de Drew Hancock provient certainement du fait que le réalisateur a auparavant travaillé sur des séries telles que My Dead Ex ou encore Suburgatory. Cette façon de réaliser est particulièrement agréable pour le spectateur qui n'a jamais le temps de s'ennuyer pendant l'heure et demie que dure le film.
Il y a une volonté évidente de la part du réalisateur de confronter le spectateur à une question essentielle et au cœur de notre actualité, à savoir, un être à l'intelligence artificielle peut-il véritablement éprouver des émotions ou ne s'agit-il que de codes et de programmation?
Iris, confrontée à sa nouvelle situation, va être obligée de repenser sa condition et notamment sa relation avec Josh. La scène où elle apprend qu'elle n'est pas humaine a quelque chose de tragicomique qui ne peut laisser indifférent. Si la performance de Sophie Thatcher est à souligner par sa justesse tout au long du film, cette question est creusée plus en profondeur à travers le personnage de Patrick, interprété par Lukas Cage, lui aussi robot mais qui est parvenu par lui-même à prendre conscience de sa condition. L'amour qu'il porte envers son humain et l'amour qu'il reçoit en retour par ce dernier l'amènera à un acte dicté par ses émotions. Le réalisateur exprime ainsi clairement son opinion sur cette question.
Companion peut également être considéré comme un film féministe en ce sens que, bien qu'Iris soit un robot, elle est une représentation féminine soumise aux ordres et aux désirs d'un homme et qu'elle va devoir s'émanciper pour rester en vie. Si durant la première partie du film Iris est programmée et contrôlée par Josh à l'aide d'un téléphone portable, une fois libérée de son programme, elle reste toutefois sous l'emprise du lien que Josh a tissé avec elle au fil de leur relation. Il est à noter ici que si l'interprétation de Jack Quaid est très lisse au début du film, elle gagne en profondeur au fil des minutes à mesure que le personnage de Josh devient de plus en plus monstrueux et perd pied dans le tourbillon de violence qui avale les protagonistes. On peut considérer que plus le film avance, plus les machines deviennent humaines alors que les humains perdent leur humanité.
Des scènes drôles, quelques effusions de sang et une succession de rebondissements font de Companion un premier long-métrage réussi. Les prochaines réalisations de Drew Hancock seront à surveiller de près.
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