4.5/5
C’est un duo de cinéastes insolite qui réalise Tatami: l’Iranienne Zar Amir Ebrahimi et l’Israélien Guy Nattiv. Ensemble, ils mettent en scène brillamment l’histoire de Leila Hosseini, une judokate iranienne se battant au championnat du monde de judo en Géorgie, dans un premier temps pour décrocher une médaille, et bientôt face au régime des mollahs, pour la liberté et la dignité. Une œuvre cinématographique puissante proposant un spectacle grandiose, où sport et politique luttent férocement corps-à-corps.
Zar Amir Ebrahimi. Un nom à retenir. Prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes en 2022 pour son rôle dans Les Nuits de Mashhad, un film où l’actrice campait une journaliste de Téhéran parcourant les endroits les plus mal famés de la ville sainte de Mashhad afin d’enquêter sur une série de féminicides, la quarantenaire iranienne est de retour sur les écrans romands cet été, et elle brille. On a pu la voir récemment dans Shayda, un très bon film (coproduit par Cate Blanchett) sur les violences conjugales, où elle joue avec brio une mère iranienne fuyant avec sa fille son mari, un homme possessif et jaloux qui refuse qu’elle divorce et la harcèle. Et on va pouvoir admirer toute l’étendue de son talent prochainement dans Tatami, un film où elle se trouve non seulement devant la caméra, mais aussi derrière, puisqu’elle coréalise cette œuvre cinématographique avec un metteur en scène israélien –une Iranienne s’associant à un Israélien, c’est assez rare pour être souligné–, Guy Nattiv.
Mais si Zar Amir Ebrahimi impressionne, c’est bien Arienne Mandi qui crève l’écran: la jeune actrice américaine de mère chilienne et de père iranien livre une performance exceptionnelle.
Elle incarne Leila Hosseini, le personnage principal de Tatami, une judokate iranienne participant au championnat du monde de judo à Tbilissi, la capitale de la Géorgie.
Leila se bat, et passe les rounds. Mais les choses prennent soudain une tournure inattendue. En plein tournoi, Maryam –l’entraîneur de Leila, un second rôle joué par Zar Amir Ebrahimi– reçoit un appel. Taheri, le président de l’association iranienne de judo, veut que Leila prétexte une blessure et se retire de la compétition, car il y a un risque qu’elle doive affronter Shani Lavi, une judokate israélienne. En réalité, l’ordre vient de plus haut: dans l’ombre de Taheri se tient le Bureau du Guide Suprême, autrement dit, le régime iranien. Le problème? Israël étant, comme on le sait, l’ennemi juré de l’Iran, le régime des mollahs ne saurait tolérer une défaite de Leila face à Shani, si toutes deux devaient se rencontrer. Elles représentent leur pays, et une défaite de Leila reviendrait –assure l’Iran– à perdre la face.
Ainsi, ce qui devait être la fête du sport prend une dimension politique. Et c’est à partir de ce moment-là que Tatami devient passionnant.
Leila se trouve face à un dilemme, elle a à prendre la plus grande décision de sa vie: obéir au régime des mollahs et rentrer chez elle, ou tout risquer –sa famille est menacée– et se battre, non seulement pour tenter de décrocher une médaille, mais –bien plus important encore– pour la liberté et la dignité.
On se bat avec acharnement sous l’œil des caméras (les médias couvrent l’événement). «Elle se bat pour sa vie!» lance avec enthousiasme un commentateur sportif. Il ne croit pas si bien dire. En coulisse, c’est un autre combat qui a lieu, une autre pression que celle liée au sport qui s’exerce, ce sont d’autres enjeux.
Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv ont construit leur œuvre avec beaucoup d’intelligence: les scènes de combat alternent avec les événements qui se déroulent en coulisse, mais aussi avec ce qu’il se passe en Iran et avec des flash-backs. Le tout forme une espèce de tourbillon dans lequel on est irrésistiblement emporté.
Plus la compétition avance, plus la pression augmente, sur et en-dehors du tatami. Une pression, un suspense parfaitement bien rendus par une mise en scène irréprochable. Le noir et blanc, lui, confère au long métrage une beauté sublime.
Leila lutte, longtemps, férocement, héroïquement, contre les menaces, contre les intimidations, contre la tyrannie, contre un régime odieux qui voudrait la bâillonner, l’étouffer, l’écraser. Leila lutte. Victorieusement ? Rendez-vous au cinéma pour connaître la réponse.
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