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Photo du rédacteurRaphael Fleury

« Drii Winter » : l’amour dans les Alpes

4.5/5

Sobrement intitulé Drii Winter (Trois hivers), le nouveau long-métrage de Michael Koch arrive dans les salles romandes précédé d’une très bonne réputation. Au Festival de Berlin, il avait reçu une mention de la part du Jury. On vous donne notre avis sur cette histoire d’amour – et de mort – tournée dans les Alpes du canton d’Uri, avec des acteurs non-professionnels de la région.


Anna (Michèle Brand) vit dans un village alpin isolé avec sa fille. Marco (Simon Wisler), lui, rejoint ce village après avoir quitté la plaine où il vivait, pour aller travailler aux côtés des fermiers de la montagne. Ensemble, Anna et Marco connaissent la joie d'un nouvel amour. Mais leur relation va bientôt être mise à rude épreuve.


Plan fixe sur un gros rocher. Un chœur chante. Voix plaintives. Élégiaques. Comme un présage funeste. Ainsi débute l’œuvre cinématographique de Michael Koch. Dans ce plan inaugural, il y a en germe tout le film. C’est beau, mais c’est aussi pesant, âpre, rugueux, austère. Des attributs qu’on peut rapprocher de ceux qualifiant Marco, l’un des protagonistes : cet homme est bourru, taiseux, taciturne. Est-il vraiment fait de chair ? On se pose la question. Il semble avoir été taillé dans la roche, son visage est inexpressif. En somme, un visage de pierre.

Heureusement, tout n’est pas triste, écrasant, étouffant, dans ce long-métrage. Une chanson d’amour vient contrebalancer le chœur lugubre du prologue : What is love, un tube des années 1990. Une légèreté et une insouciance bienvenues.


Michael Koch fait des merveilles à l’aide de sa caméra : c’est très bien filmé, cadré, mis en scène. Les plans sont intelligemment composés. On dirait une succession de tableaux d’une beauté inouïe. C’est long et lent, mais, dans l’ensemble, captivant. On demeure pantois devant la virtuosité du cinéaste. Le Lucernois semble avoir su capter, dans son film, l’essence du milieu agricole alpin, sublimer les Alpes uranaises, et donner, à ce qui aurait pu n’être qu’une banale, qu’une énième histoire d’amour et de mort, la stature d’un récit hors du commun, plein d’une puissance colossale.

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