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Médecin de nuit

4/5

Voyage au bout de la nuit


Un film intéressant, emballant, percutant, Médecin de nuit. Une sorte de course effrénée, ponctuée de savoureux moments d’apesanteur. Elie Wajeman met en scène un drame d’une intelligence fine.


On pourrait dire que l’essentiel se joue de nuit, dans le nouveau film d’Elie Wajeman, Médecin de nuit. Mais ce serait oublier quelques scènes-clés qui se déroulent de jour. Le prologue, par exemple : un toxicomane parle à Mikaël (le médecin du titre) d’une discussion qu’il a eue avec un autre toxicomane, décédé il y a peu. Le thème de cette discussion ? Les sentiments. Vaste sujet ! Les deux toxicomanes défendaient des positions diamétralement opposées. Le défunt ne voulait pas s’en encombrer. Celui qui parle au médecin pense au contraire qu’ils sont capitaux : en somme, il lui confie ceci, que la vie passe si vite, au moins les hommes ont cela, les sentiments. Ces mots font mouche : ils trouvent un écho dans le cœur de Mikaël, un écho qu’on devine puissant. On le voit à son visage songeur. Et la suite du long métrage le confirmera : les sentiments jouent un rôle important dans Médecin de nuit.


Vincent Macaigne, la figure principale de cette œuvre cinématographique, est excellent dans son rôle de médecin travaillant la nuit à Paris. Il s’occupe de patients de quartiers difficiles, mais également de toxicomanes. L’un d’entre eux le remerciera chaleureusement, avant de lui remettre une médaille d’un saint.


« Je suis certainement plein de choses, mais pas un saint », lui dira, et à raison, Mikaël. Il a peut-être, certes, quelque chose du bon Samaritain, mais il est loin de la sainteté : il trompe sa femme, et, avec son cousin pharmacien, il se trouve empêtré dans un trafic d’ordonnances de Subutex, un médicament de substitution aux opiacés.


Il est épuisé, fourbu, pour ne pas dire perdu, notre médecin de nuit. Sa vie privée est chaotique, sa vie professionnelle ne l’est pas moins. Entraîné dans une spirale infernale, pris dans un terrible engrenage, Mikaël finira-t-il par se faire tout à fait broyer, ou parviendra-t-il, in extremis, à redresser la barre ?


Elie Wajeman parvient à tenir en haleine le spectateur jusqu’au dénouement, un dénouement faisant la part belle aux sentiments, sans sacrifier pour autant à la mièvrerie ou à quelque écœurante emphase. Ne serait-ce que pour cela, Médecin de nuit mérite un profond respect.

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