«Wisdom of Happiness»: voyage au cœur d’une sagesse immémoriale
- Raphael Fleury
- 17 févr.
- 3 min de lecture
Note: 4/5
Barbara Miller et Philip Delaquis mettent en scène un documentaire intitulé Wisdom of Happiness, qui donne la parole au dalaï-lama. Un voyage passionnant au cœur d’une sagesse immémoriale.

Tenzin Gyatso, plus connu sous le nom de dalaï-lama, prévient: «Notre XXIe siècle ne sera pas facile, les difficultés seront nombreuses.» S’exprimant face à la caméra, il invite à inspirer profondément. Alors débute en sa compagnie un périple visant à surmonter ces difficultés, un voyage de 90 minutes au cœur d’une sagesse ancestrale, une quête du bonheur.
Le chef spirituel des Tibétains part, sinon d'un constat, en tout cas d’un postulat: tout être sensible –hommes, animaux– souhaite être heureux. Pour être heureux, il faut auparavant se sentir en paix. Et pour se sentir en paix, il convient d’apprendre à gérer ses émotions. Là est l’ennemi, affirme-t-il: non à l’extérieur, face à soi, mais bien à l’intérieur, en soi –ce sont les émotions destructrices comme la peur ou la colère, qui conduisent à des actions destructrices.
Tenzin Gyatso insiste sur l'importance des émotions. Si l’on veut trancher le mal à sa racine, il est indispensable de travailler sur elles. Et comment, sinon par la méditation? Il n’y a là rien de religieux, assure-t-il: la méditation consiste en un entraînement de l'esprit. Cela demande du temps, certes, et des efforts, mais c’est à la portée de tout un chacun.
Ainsi, le 14e dalaï-lama plaide pour l’enseignement de la gestion des émotions, de la maternelle à l'université.
Il parle aussi de dérèglement climatique et de féminisme.
On n'a qu'une seule planète, il faut en prendre soin, lance-t-il. Le spectacle de la lune ou de Mars dans le ciel est extraordinaire, mais renonçons à vouloir y aller –commençons par nous occuper de la Terre.
Le chef spirituel des Tibétains pense qu'il y a beaucoup de violence dans les hommes, plus de douceur chez les femmes. Il émet le souhait qu’un plus grand nombre de femmes occupent dans le monde des postes de dirigeantes, de cette manière l’humanité se porterait certainement mieux. «Ce serait une bonne chose que le prochain dalaï-lama soit une femme», glisse-t-il aussi.
D’aucuns diront que le discours de Tenzin Gyatso est éculé, que les sujets sur lesquels s’exprime le vieillard sont rebattus. Nous ne sommes pas de cet avis. S’il n’y a certes rien de nouveau dans les paroles du dalaï-lama, celles-ci n’en demeurent pas moins indispensables: elles sont le reflet d’une sagesse ancestrale dont nous avons peut-être plus que jamais besoin, à l’heure où les canaux de communication (les réseaux sociaux notamment) charrient un tas d’immondices, inondent les esprits de boue –des mouvements masculinistes qui prennent de l’ampleur au climatoscepticisme en passant le racisme, la bêtise et l’intolérance les plus crasses semblent avoir le vent en poupe en ce XXIe siècle qui est le nôtre.
À l’heure où des individus à l’ego surdimensionné se trouvent à la tête de certaines grandes puissances de ce monde, cette leçon d’humilité semble donc nécessaire.

Tenzin Gyatso se répète, mais non comme un professeur qui radoterait, plutôt tel un infatigable semeur de graines, tel un sage répétant inlassablement un mantra dans l’espoir que la lumière se répande dans les cœurs, que la joie et la paix s’ancrent dans ceux-ci, que la compassion et l’altruisme y éclosent.
Derrière la caméra, on trouve deux personnes, Philip Delaquis et Barbara Miller. Cette dernière n’est autre que la réalisatrice de #Female Pleasure, ce documentaire suisse-allemand se considérant comme un plaidoyer pour la libération de la sexualité des femmes au 21e siècle, qui avait été accueilli au 71e festival du film de Locarno par une longue standing ovation.
Le duo de réalisateurs, par le biais d’une mise en scène intelligente et énergique, parvient à conférer aux propos du dalaï-lama maintes fois entendus une dimension singulière, une saveur particulière. Nous sommes ainsi embarqués d’une manière originale dans un voyage passionnant au cœur d’une sagesse immémoriale.
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