Nous avons rencontré Bertrand Mandico à Locarno pendant le festival où il a partagé sa vision de l'art cinématographique. Qui est donc cet artiste qui oscille entre cinéma, surréalisme, expositions et installations, créant un mélange jubilatoire d'essais cinématographiques expérimentaux qui lui assurent une place dans de nombreux festivals internationaux ? Portrait.
Bertrand Mandico, cinéaste français né le 12 mars 1977 à Toulouse, est un diplômé de l'école des Gobelins en cinéma d'animation. Après avoir réalisé quelques films d'animation aux ambiances organiques et surréalistes tels que Le Cavalier bleu, il s'est orienté vers la prise de vue réelle. Il a d'abord travaillé sur des commandes, créant un univers singulier à travers des vidéos et mini-séries, avant de se consacrer à des courts métrages de fiction aux concepts radicaux.
Il se consacre en outre à l’écriture de longs métrages et continue à réaliser de nombreux films multi-formats, dont Boro in the Box (Quinzaine des réalisateurs 2011 ; grand prix du festival Curtas de Vila do Conde et grand prix Europe au festival du cinéma de Brive), Living Still Life (sélection officielle à la Mostra de Venise 2012 ; festival international du film de Rotterdam 2013) et Prehistoric Cabaret (prix du meilleur court métrage au festival international du film de San Francisco).
Ses créations filmiques font l'objet d'expositions et d'installations. Le programme Hormona sort en salle en 2015, regroupant Notre-Dame des hormones, Y a-t-il une vierge encore vivante ? et Prehistoric Cabaret.
Il tourne en 2017 le long métrage Les Garçons sauvages qui obtient le prix Louis-Delluc du premier film. Présenté et primé à la Semaine de la critique de Venise, récompensé dans de nombreux festivals et considéré comme une œuvre emblématique, le film est consacré meilleur film de l'année 2018 par les Cahiers du cinéma.
Mandico enchaîne avec le moyen métrage de science fiction Ultra Pulpe (Semaine de la critique de Cannes 2018) sorti en salle dans le film à sketchs Ultra Rêve.
En 2019, il tourne plusieurs clips vidéos, sous forme de films, pour les groupes Kompromat et M83.
After Blue (Paradis sale) son deuxième long métrage, mêlant fantaisie et western au féminin et prolongeant son exploration et ses mutations du cinéma de genre, est présenté en compétition au Festival international du film de Locarno en 2020, où il remporte le prix FIPRESCI de la critique internationale. Sorti dans les salles en 2022, le film obtient également des grands prix dans des festivals consacrés au cinéma de genre tels que le Fantastic Fest et le festival international de Sitges ou Midnight Madness au festival international de Toronto, installant Bertrand Mandico à l'international, comme le cinéaste français de l'hybridation des genres.
En 2023, son troisième long métrage Conann est sélectionné à la Quinzaine des cinéastes de Cannes. Le film est un épopée onirique et barbare à travers les âges et les époques.
En 2023, il met en scène pour le festival d'Aix-en-Provence, une version filmique de Petrouchka (de Stravinsky) et réalise L'émission a déjà commencé pour France 2, une fausse émission de télévision présentant les deux court-métrages liés à Conann ainsi que The Last Cartoon.
Le style Mandico
Le cinéma de Bertrand Mandico est souvent défini comme « Expérimental Entertainment ». Le cinéaste travaille avec les codes du cinéma populaire tout en empruntant au cinéma expérimental des formes stylistiques. Le récit, à la croisée de plusieurs genres, est imprégné de références cinéphiles et d'une dimension ésotérique.
Il prolonge ses recherches cinématographiques sur différents supports tels que la photographie, le dessin, l'écriture, le travail du son et les collages.
Bertrand Mandico par ARTE
Bertrand Mandico a réalisé de nombreux films aux atmosphères étranges : courts métrages, moyens métrages, fictions et des essais expérimentaux.
Il collabore avec Aline Ahond et crée des films d'habillage pour Arte. Il explore les expériences filmiques en tournant dans divers pays, par exemple Lif og daudi Henry Darger, tourné en Islande et en islandais, présenté à la Mostra de Venise en 2010.
Depuis 2011, il crée avec l'actrice Elina Löwensohn — avec qui il collabore depuis une dizaine d'années — une série de films courts, 20+1 projections, kaléidoscope cinématographique la mettant en scène sous forme de films. Expérience prolongée sous la forme de photographies et performances (il a tourné 11 films à ce jour dans ce cadre) dont The Return of Tragedy (sélection officielle à la Mostra de Venise 2020).
Ses recherches pour ses films, qui prennent la forme de collages, dessins ou photographies, ont été exposées à plusieurs reprises.
Il fonde en 2012 le manifeste cinématographique International Incoherence (Cinéma incohérent) avec la cinéaste islandaise Katrin Olafsdottir.
En 2018, il joue dans le film Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez. La même année, il conçoit avec ce dernier, ainsi qu'avec Caroline Poggi et Jonathan Vinel, le texte manifeste Flamme (publié dans les Cahiers du cinéma).
En 2021, il prépare un spectacle hybride au théâtre des Amandiers Conan la Barbare, mêlant tournage et performance. Le spectacle, invisible, est une préparation d'une série de films de divers formats dont le tournage s'achève en 2022 (The Barbarian Cycle) et présenté à Locarno en 2023. Nous les Barbares, Rainer (a vicious dog in skull valley) ainsi que le long métrage Conann sont issus de cette expérience.
Portrait réalisé avec l'aide de Wikipédia
Locarno 2024
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