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Aventiclap, envers et contre tout

La 3ème édition d’Aventiclap, festival du film suisse et d’ailleurs, s’est déroulée du jeudi 22 au dimanche 25 octobre en plein cœur du site historique d’Avenches, au Théâtre du Château. Un événement salutaire, éminemment lumineux, en ces temps un brin moroses – par la faute du Covid-19.


Lorsqu’on arrive au Théâtre du Château à Avenches, jeudi soir 22 octobre, l’atmosphère, au rez-de-chaussée – où se situe le bar-restaurant – est feutrée, ouatée, décontractée. Une musique lounge, une musique pop, légère, délicate, aérienne, bref, délicieusement berçante, inonde les lieux. Il s’agit d’une reprise, par le groupe français Isaac Delusion, du morceau d’Eddy Mitchell Couleur menthe à l’eau. « Elle était maquillée, comme une star de ciné… », lance le chanteur. On oublierait presque que le pays est secoué par la tempête du Covid-19. Ce fait-là, on ne sera pas loin de l’oublier complètement, au moment d’entrer dans la salle de spectacle sise au premier étage, et plus encore durant les projections de films.


Oui, la magie du septième art, du jeudi 22 au dimanche 25 octobre au Théâtre du Château à Avenches, a incontestablement opéré. On s’est rendus compte là-bas, peut-être plus que jamais – par effet de contraste avec les ténèbres de la pandémie –, à quel point la culture est indispensable, pour ne pas dire vitale : elle apporte une lumière plus que bienvenue, nourrit les esprits.


C’est donc un intermède salutaire, un temps régénérant, qu’a proposé toute l’équipe d’Aventiclap. Ne serait-ce que pour cette raison, il convient de l’applaudir, de l’acclamer. Saluons toutes les personnes s’étant battues corps et âme pour que cette 3ème édition d’Aventiclap, « festival du film suisse et d’ailleurs qui réunit la population d’une région pluriculturelle et bilingue » – pour reprendre les mots écrits sur la toile –, puisse avoir lieu, envers et contre tout.


C’est le film Bruno Manser, la voix de la forêt tropicale, qui a ouvert le festival jeudi soir 22 octobre. Pourquoi ce choix ? « Un coup de cœur ! », affirme sans détours Jean-Marc Detrey, le directeur artistique d’Aventiclap. On le comprend parfaitement : le nouveau long métrage de Niklaus Hilber narre avec maestria le combat de Bruno Manser. Un combat aussi nécessaire qu’inspirant, pour ne pas dire édifiant. Bruno Manser, jeune activiste écologiste suisse-allemand porté disparu en 2000 – incarné à l’écran, avec justesse et intensité, par l’acteur Sven Schelker – a lutté des années durant, inlassablement, aux côtés des Penan – un peuple nomade vivant en Malaisie, sur l’île de Bornéo –, contre les compagnies d’exploitation forestière et leurs mortifères bulldozers.


Cinq films figuraient dans la compétition nationale – cœur du festival. Le jury entièrement féminin, présidé par la comédienne Laurianne Gilliéron, a décerné le Marcus d’or à Platzspitzbaby, réalisé par Pierre Monnard. Le long métrage a également reçu le Marcus des jeunes de la Broye. Deux prix qu’on estime amplement mérités : Platzspitzbaby est un inestimable joyau cinématographique. Un chef-d’œuvre.


À la fin des années 1980, un parc se trouvant non loin de la gare principale de Zurich est devenu le tristement célèbre rendez-vous des trafiquants de drogue et des toxicomanes : le Platzspitz. Ce sont jusqu’à 3000 personnes qui, quotidiennement, là-bas, achetaient et consommaient de la drogue. Certaines y vivaient même, dans des conditions bien évidemment épouvantables.


Inspiré du roman autobiographique – et éponyme – de Michelle Halbheer, le film Platzspitzbaby raconte l’histoire tragique et poignante d’une jeune fille de onze ans, Mia, et de sa mère toxicomane, Sandrine, qui, après la fermeture du Platzspitz, vont habiter dans une petite ville de l’Oberland zurichois ayant tout l’air d’un petit paradis. Mais en réalité, la descente aux enfers est loin d’être terminée.


Sarah Spale et Luna Mwezi incarnent respectivement Sandrine et Mia. Toutes deux livrent une performance méritant un concert d’éloges. On n’oubliera jamais sans doute ce morceau de musique chanté par la jeune fille en suisse-allemand, intitulé Ich gibe nöd uf. « Je n’abandonne pas. » Mia, soleil étincelant au sein d’un univers étouffant, astre précieux brillant de mille feux. Bin immer no da. « Je suis là, encore et toujours. »


Notons par ailleurs que le documentaire Objectif sauvage, réalisé par Joshua Preiswerk, Cedrik Strahm et Martin Ureta, a obtenu une mention spéciale de la part du jury. Quant aux festivaliers, ils ont eux aussi eu voix au chapitre. Sept courts métrages ont été soumis à leur jugement. C’est Le Passeur, réalisé par Marie-Camille Loutan et Valentine Coral, qui a décroché le Prix du Public.


La troisième édition d’Aventiclap s’est donc achevée dimanche 25 octobre, au terme de quatre jours passionnants consacrés au septième art. Rendez-vous est d’ores et déjà donné l’année prochaine, du 7 au 10 octobre 2021, au cœur de l’ancienne capitale helvétique romaine, à deux pas du célèbre amphithéâtre, à tous les amoureux de cinéma.

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