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« Yannick », le nouveau film de Quentin Dupieux

Dernière mise à jour : 5 août 2023

Le nouveau film du talentueux et étonnant réalisateur français Quentin Dupieux, Yannick, se trouve dans la section Compétition internationale du 76e Festival du film de Locarno. Il concourt pour le Léopard d’or. Nous l’avons vu. Nous vous en parlons.


©ATELIER DE PRODUCTION - CHI-FOU-MI PRODUCTIONS-QUENTIN DUPIEUX-2023


Les films de Quentin Dupieux sont toujours en quelque sorte des événements : on est certain d’être surpris. Le pneu tueur de Rubber, c’était lui. La mouche géante de Mandibules, enfermée dans le coffre d’une voiture, c’était encore lui. On peut donc s’attendre à tout, venant de ce metteur en scène talentueux. On manque rarement d’être étonné.


Il est court, le nouveau film écrit et réalisé par Dupieux – à peine plus d’une heure. Court mais non dénué d’intérêt.


Les crétins, chez le cinéaste français, sont souvent bien moins crétins qu’il n'y paraît. Souvenons-nous de la paire de débiles de Mandibules, l’un des précédents films de Dupieux : l’imbécillité atteignait de tels sommets, chez eux, qu’on ne pouvait que rire. Et pourtant, ils soulevaient des questions profondes. Il en est de même de Yannick, l’un des protagonistes de l’œuvre éponyme. Sous ses airs d’idiot fini, il donne matière à réflexion. Qu’est-ce qui peut être considéré comme étant de l’art ? sommes-nous par exemple poussés à nous interroger. Pour Yannick, les acteurs jouant une pièce de théâtre devant lui et les autres personnes faisant partie du public ne sont pas des artistes, et ce à quoi il assiste n’est pas de l’art. On comprend où veut en venir Dupieux : au cinéma, bien entendu. Ce que Yannick dit du théâtre, il le dirait sans doute aussi du septième art. Il y a donc vraisemblablement une volonté, de la part du metteur en scène français, de bousculer les spectateurs, de les inciter à remettre en question leur rapport à l’art en général et au cinéma en particulier.


Autre question à laquelle nous mène Yannick : quel est le rôle d’une représentation théâtrale – et, plus largement, de toute œuvre d’art, donc des œuvres cinématographiques également ? Pour Yannick, la chose est claire : sa fonction est de « mettre du baume au cœur ». S’il a fait quarante-cinq minutes de trajet en transports publics, plus quinze minutes à pied, c’est pour se sentir mieux, non le contraire. Or la pièce à laquelle il assiste le fait se sentir plus mal. À tel point qu’il se permet d’interrompre la représentation.


Le cocasse et l’absurde, que Dupieux maîtrise à merveille, se déploient alors. Le tout est par ailleurs servi par un casting en or : Blanche Gardin (connue avant tout comme humoriste et pour son rôle dans la série télévisée WorkinGirls), Pio Marmaï (vu récemment dans Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan) et Raphaël Quenard (vu récemment dans Jeanne du Barry ; ici il joue le rôle de Yannick).


Le nouveau long métrage de Dupieux est donc intéressant à bien des égards. Mais nous avons eu par moments l’impression, comme lors de la projection d’autres de ses films (par exemple le même Mandibules que nous évoquions) de tourner un peu en rond, de faire du surplace, de nous enliser.


Au bout du compte, Yannick est une demi-réussite.



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